• votre commentaire
  • Source : Rue 89

    Le 115 du particulier, une bonne ou une mauvaise idée ?

     

    Cédric Lebert et Brann du Senon ne se connaissent pas. Le premier est un artiste peintre de 41 ans, qui vit dans une fermette près du Mans après avoir passé quinze ans entre squats et rue.

    Le second a 51 ans et vit « dans les bois, en caravane, avec pas grand-chose, du côté de Nemours » en Seine-et-Marne. Il a passé un an à la rue. Parfois, il lui arrive d'héberger des gens dans le besoin, dans la caravane située à côté de la sienne, « pour le coup de main ».

    Cédric et Brann se sont retrouvés il y a quatre jour autour d'une même interrogation :

    « Pourquoi n'y a-t-il pas de particuliers dans le fichier du 115 ? »

    Depuis le 4 février, alors que le 115 est saturé à cause du grand froid, ils échangent fiévreusement sur la page Facebook que Cédric a ouverte pour animer un groupe d'aide aux SDF, « le 115 du particulier ».

    Dans l'esprit de « Particulier à particulier »

    Brann insiste d'emblée :

    « L'idée n'est pas de se substituer aux associations qui existent, ni au 115. Ce qu'on veut, c'est donner un coup de main. Les places d'hébergement manquent, non ? »

    Philippe a passé vingt ans à la rue. Pour lui, le principe du 115 du particulier est bon.

    « On revient un peu à l'ancien temps, quand les gens ouvraient leur porte. Quand on est à la rue, parfois, se sentir accueilli fait beaucoup. C'est assez pour 
repartir. »

    Francis, 62 ans dont seize de rue, refuse toute place en hébergement :

    « Les centres, le 115 avec les types qui picolent ou te volent tes chaussures, je peux plus. »

    A ses yeux, le 115 du particulier est « une bonne idée ».

    « Mais il faut que je réfléchisse. Je me verrais pas appeler tout de suite. »

    « OK chien, si non agressif »

    Brann constate :

    « Il y a beaucoup de gens qui sont prêts à donner, qui peuvent accueillir et dépanner des gens à la rue mais qui ne savent pas comment faire. »

    Avec Cédric, il collecte dans une joyeuse anarchie les propositions qui affluent sur leur page Facebook. Dans l'Aisne, Béatrice propose trois chambres :

    « Mon souhait au départ était de 
recevoir des jeunes femmes seules ou avec enfants. »

    Un autre propose « une place sur Périgueux dans le camping-car d'un ami 
stationné dans un centre de mobile home sur Périgueux en Sud-Ouest... OK chien, si non agressif ».

    « Des petites choses à mettre bout à bout »

    « Aujourd'hui, on a plus de 40 offres d'hébergement pour une, deux ou trois personnes, ou des familles avec enfants », résume Brann.

    « Elles s'accompagnent d'une soupe, d'une douche. Il n'est pas du tout 
question d'argent. Chacun propose ce qu'il veut et laisse son contact sur Facebook ou passe par nous : pour certains, c'est du covoiturage, des fringues, des couvertures… On a un boulanger qui a du pain de la veille.

    C'est peut-être pas grand-chose mais ça sert. Le but est là : dénicher des petites choses et les mettre bout à bout. »

    Le 115 du particulier s'orchestre de manière informelle sur Facebook. Certaines offres peuvent très bien se passer de l'intermédiaire des deux administrateurs. « Sinon, on filtre. »

    « On est en train de créer un outil. Ça se fait au fur et à mesure », prévient Brann, conscient que les choses ne sont pas parfaites.

    « On réfléchit à l'histoire, à comment ça peut se faire. On a eu 900 personnes 
qui ont rejoint le groupe en quatre jours. C'est bien le signe qu'il y a d'autres gens qui ont envie de réfléchir à ça. »

    Concrètement, ils entendent « faire circuler les infos, collecter les offres, et les mettre à disposition des associations et des gens pointus sur le sujet. Après, si des particuliers se sentent d'accueillir des gens, ils peuvent ».

    Le premier accueil a eu lieu la nuit dernière, au sein d'une famille qui souhaite rester discrète :

    « Il s'agissait d'un homme qui avait été viré d'un local où il squattait. Il a un travail, mais pas de toit. Il a été hébergé. Ça s'est bien passé. »

     

    Qu'en pensent assos et travailleurs sociaux ?

    Contacté depuis lundi matin par téléphone, le 115 ne s'est pas encore exprimé sur l'initiative. Emmaüs non plus. En revanche, le jour même de la création du 115 du particulier, le collectif Morts de la rue réagissait sur sa page Facebook :

    « Je redis ici à la fois l'émerveillement devant une idée citoyenne, et la prudence 
qui est de mise. Cette action surfe sur la sensibilité au grand froid. C'est toute l'année qu'il s'agit de tisser du lien, dans la durée. »

    Christophe Louis, des Enfants du canal, s'avoue « très sceptique » :

    « Ce sont des bonnes initiatives en soi mais il y a quand même du danger.

    Chacun est libre de faire ce qu'il veut. Je connais des gens qui vivent au 
quotidien avec les personnes de la rue et ça se passe très bien. Le tout est de bien établir les règles de vie et d'intervention. »

    Il pointe du doigt la limite du geste compassionnel :

    « La générosité va s'arrêter à un moment donné. Comment dire à une personne : 
“Maintenant, je ne t'accueille plus ? Tu retournes à la rue.” Au bout d'un moment, le geste compassionnel s'arrête. Et on le voit bien : aux périodes de vacances ou aux beaux jours, tout retombe comme un soufflet. »

    Christophe Louis évoque « des cas de bénévoles qui accueillaient des gens chez eux et qui nous appelaient au secours après » :

    « Il y a des personnes qui sont en situation difficile, ça ne se gère pas comme ça 
au quotidien. Il faut avoir un savoir-faire et une certaine connaissance pour ne pas s'enfermer dans des choses qui soient dangereuses pour les deux personnes. »

    Des problèmes mentaux, d'addiction...

    Les travailleurs sociaux évoquent aussi le « danger », « l'inconscience » qui peuvent accompagner une telle initiative. Selon l'enquête Samenta, un tiers des sans-abri franciliens souffrent de troubles psychotiques, ou présentent au moins une addiction à l'alcool, à une drogue ou à un médicament.

    Brann s'emporte :

    « Des organismes nous critiquent. Je me suis engueulé hier avec un travailleur 
social d'Emmaüs. Ils disent que la plupart des gens à la rue sont des psychotiques qui ont des problèmes de maladies mentales ou d'alcool. Mais la plupart des gens à la rue ont juste des problèmes d'argent. Ils n'arrivent pas à payer leur loyer et dorment dans des bagnoles. »

    Brann réfléchit :

    « Est-ce qu'il faudra culpabiliser et tout arrêter parce qu'un type pourrait mal se 
comporter avec une famille ? »

    « Moi, je veux voir si ça marche », tranche Cédric, qui vient d'être contacté par une grosse association pour envisager un soutien logistique.

    Dans la bouche de Brann, une question revient, obsessionnelle :

    « Des gens crèvent de froid. Qu'est-ce qu'on fait ? »

    « Si chacun écrit à son maire... »

    Pour Christophe Louis, la réponse reste politique :

    « Il faut plutôt se battre pour que les gens aient un chez soi digne et correct, que 
d'essayer de pallier de cette manière-là au manque de volonté de l'Etat.

    Tant qu'il n'y aura pas une prise de conscience générale, rien ne bougera. 
En revanche, si chacun écrit à son maire et à son député en disant qu'il n'accepte pas qu'une ville comme la sienne n'applique pas les quotas de logements sociaux de la loi SRU et laisse les gens à la rue, là, on obtiendra quelque chose.

    Je prends toujours l'exemple des radars : quand il a été question d'enlever les 
avertisseurs de radars, il y a eu des tôlés. Des courriers ont été envoyés à tous les députés par des automobilistes qui disaient : “ Je ne tolère pas ça et vous n'aurez pas ma voix.”

    Ces gens ont fait changer la loi. Je crois vraiment que si on veut changer le problème des sans-abri, il faut que ça devienne une question prioritaire des citoyens pour que le politique s'en empare complètement. »

    Brann acquiesce. Il ajoute :

    « Mais en attendant, qu'est-ce qu'on fait ? »

    Il insiste sur la modestie de la démarche du 115 du particulier :

    « Nous, on parle juste de mettre les gens à l'abri. »

    Brann refuse de faire de la politique, mais rumine la promesse faite par Nicolas Sarkozy en 2006 :

    « Je veux, si je suis élu président de la République, que d'ici à deux ans, plus 
personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir. »

    Le 115, « une belle fumisterie »

    Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal logement estime à 133 000 le nombre de personnes sans domicile fixe en France, et à 685 000 le nombre de personnes privées de domicile personnel (accueillies en résidences sociales, vivant dans des abris de fortunes ou en chambres d'hôtels).

    En octobre 2010, le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu affirmait que « l'objectif de zéro demande de mise à l'abri par manque de place serait en vigueur pendant toutes les périodes de grand froid ».

    Christophe Louis s'indigne :

    « On nous dit qu'il y a zéro DNP [demande non pourvue, ndlr] au 115, mais je l'ai constaté 
encore hier, en maraude : on demande aux gens d'appeler et de rappeler sans cesse. C'est une belle fumisterie. »

    « Beaucoup de gens appellent sans obtenir de permanencier », poursuit un responsable d'accueil.

    « Si la ligne est occupée, quelle demande vous recevez ? »

    Dans son accueil de jour, Yvette a des échanges quotidiens avec le 115 :

    « Une permanencière me confiait récemment qu'ils avaient 300 signalements par 
jour à Paris. Ils ne peuvent pas trouver 300 places comme ça… Et ça n'est pas considéré comme des demandes non pourvues. »

    En juillet dernier, Xavier Emmanuelli démissionnait du Samu social et confiait à Charlie Hebdo :

    « Le budget alloué au Samu social (financé à 92% par l'Etat) a été ramené à 
90 millions d'euros cette année contre 110 millions en 2010. [...] Beaucoup de personnes risquent de se retrouver sur le carreau, alors que la situation de l'hébergement d'urgence en Ile-de-France est dramatique : à Paris, chaque soir, 150 à 200 personnes ou familles appelant le 115, le numéro d'urgence du Samu social, ne se voient pas proposer de solution à leur problème faute de places disponibles. »

    La gaffe de Nora Berra

    Comme l'asso Toit à moi ou Action froid, créée ce 2 février sur Facebook pour organiser des maraudes de citoyens, le 115 du particulier met le doigt sur une tendance générale.

    Le désengagement de l'Etat, les coupes budgétaires et la dégradation de conditions de vie à la rue sont de plus en plus amortis par les réseaux de solidarité privés.

    Dernièrement, Benoist Apparu demandait aux préfets de région de garantir des hébergements d'urgence 24 heures sur 24.

    « On s'est réjoui », commente-t-on dans un accueil 
de jour parisien.

    « Mais c'était un effet d'annonce. Nos sans-abri, à 8 heures, ils sont toujours dehors. »

    « Alors qu'est-ce qu'on fait ? » martèle Brann.

    Amer, il évoque la gaffe de Nora Berra, ce 6 février. La secrétaire d'Etat chargée de la Santé a donné sur son blog ses « recommandations face au froid » et exhorté les personnes sans-abri à « éviter de sortir de chez eux ». (Le terme « sans-abri » a depuis été retiré du blog.)

    Cette nuit, il fait - 10° C. Francis dort au deuxième sous-sol d'un immeuble parisien.

    « Va falloir que je sorte. Avec le froid, ça m'ennuie, mais il faut que je mange chaud. J'ai du pain et du lait mais rien pour le faire chauffer. »


    votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire
  • Foire à l'autogestion


    Appel public pour une Foire à l'autogestion

    La crise économique et financière qui ébranle le monde est aussi une crise de civilisation, face à laquelle les réponses habituelles, néolibérales comme étatistes, sont impuissantes. L'autogestion peut constituer une alternative. Elle sera au centre d'un événement festif et populaire en juin 2012 : la Foire à l'autogestion.


    Phénomène planétaire, l'autogestion s'inscrit dans la longue tradition historique des coopératives et des « récupérations d'entreprises », de la Commune de Paris au Printemps de Prague, de la Révolution espagnole à la Pologne d'août 1980, de Lip à l'Argentinazo en 2001. Elle apparaît dans les luttes récentes à Philips-Dreux, à Fralib et à SeaFrance. Elle imprègne également les pratiques alternatives, de la réappropriation collective de l'habitat au lien direct avec les paysans et les producteurs.


    Ces différentes expériences partagent un horizon commun : décider collectivement des affaires communes, sans déléguer à des dirigeants, aussi bien sur le plan économique que politique. Reprendre en main la production, c'est aussi pouvoir transformer ses modalités et ses finalités. Ancrée dans des pratiques concrètes, portée comme un projet global, l’autogestion est ainsi une réponse possible à la faillite du système capitaliste et étatiste.
    La Foire à l'autogestion sera le point de rencontre de toute une galaxie de collectifs, d’associations, d’entreprises, de coopératives, d’organisations syndicales et politiques qui cherchent à faire vivre l'idée d'autogestion. L’événement aura lieu le week-end du 23-24 juin 2012 à Montreuil (93), sur le site de la Parole errante, avec des stands, des espaces de débat retransmis à la radio, des projections de films, un concert, un village du livre, un espace enfants, des ateliers pratiques…


    Pour rendre concret ce projet, un comité d'organisation se met en place. Nous invitons toutes les personnes, organisations, syndicats, associations, entreprises, coopératives, etc. revendiquant et pratiquant l'autogestion à s’y associer.

    Signataires à la date du 01 février 2012

    Coopératives : scierie coopérative Ambiance Bois (Creuse) ; boulangerie coopérative La Conquête du pain (Montreuil) ; Scop de bâtiment Inventerre (Toulouse) ; Epicerie coopérative Bulles de vie (Fontenay-sous-Bois) ; restaurant associatif La Rôtisserie (Paris 10e) ; imprimerie associative Le Ravin bleu (Combs-la-Ville) ; imprimerie coopérative Expressions II (Paris 11e) ; coopérative Imprimerie 34 (Toulouse) ; société coopérative de production culturelle La Parole errante (Montreuil), épicerie coopérative L’Indépendante (Paris 18e) ; École des métiers de l’information-CFD (Paris 10e) ; coopérative de communication La Navette (Creuse), filature coopérative Ardelaine (Ardèche) ;  …
    Structures syndicales : union syndicale Solidaires ; Sundep-Paris ; fédération SUD-Éducation ; fédération SUD-Etudiant ; union Solidaires-Industrie ; SUD-Culture ; fédération SUD-Rail ; tendance intersyndicale Émancipation ; fédération CNT-Éducation ; CNT-Santé-social RP; fédération SUD-PTT ;…
    Associations : Association pour l’autogestion ; Editions Syllepse ; Festival des résistances et des alternatives à Paris ; association Relocalisons ; collectif de diffusion cinématographique Pico y Pala (Paris) ; lieu d’accueil Le Roucous (Aveyron) ; association de quartier la Commune libre d’Aligre (Paris 12e) ; atelier autogéré Cyclofficine (Ivry-sur-Seine) ; Observatoire des pratiques de développement local (Ardèche) ; café associatif La Milonga (Fontenay-sous-Bois) ; Bibliothèque autogérée Antigone (Grenoble) ; journal Article 11 ; site web Autogestion.coop ; Consomm’Solidaire (Paris 13e) ; ICEM-Pédagogie Freinet ; Ecobox (Ile-de-France) ; …
    Structures politiques : Alternative libertaire ; Alternatifs ; Fédération anarchiste ; Fédération pour une alternative sociale et écologique, Parti pour la décroissance ; Mouvement des objecteurs de croissance ; Scalp-Réflex ; Chiche-Paname ; OLS ; …

     
    Information et contact sur: www.foire-autogestion.org


    votre commentaire
  • La vague de froid a fait au moins 260 morts en Europe


    Le bilan de la vague de froid qui sévit depuis une semaine en Europe continuait à s’alourdir, atteignant au moins 260 morts samedi, particulièrement dans l’est, où l’Ukraine et la Pologne sont les plus touchées avec 167 décès à elles seules.

    En Ukraine, on compte maintenant 122 morts, et les postes de secours d’urgence, où les plus démunis peuvent se réchauffer et recevoir un plat chaud, ont déjà accueilli 65.000 personnes, dont 12.000 depuis 24 heures.

    Les températures, descendant jusqu’à -21°C dans la journée et -30°C la nuit, devraient toutefois s’adoucir samedi.

    En Pologne, où le thermomètre a atteint -27°C dans la nuit dans le nord-est, le froid a fait huit nouvelles victimes, portant le total à 45.

    La plupart sont des sans-abri, souvent alcoolisés. Les centres d’accueil viennent d’adoucir leurs règlements et acceptent des personnes en état d’ébriété.

    La Bosnie était également paralysée samedi par la neige, avec un mètre de neige à Sarajevo.

    Les présidents croate Ivo Josipovic et serbe Boris Tadic étaient bloqués dans un hôtel à Jahorina, une station de ski proche de Sarajevo, où ils ont participé vendredi à un sommet.

    Des voitures étaient bloquées dans un tunnel du côté de Jablanica (sud) fermé par les avalanches, et une personne malade est décédée, l’ambulance n’ayant pu se frayer un chemin pour lui porter secours à temps.

    Au Monténégro, le froid a fait un mort et la partie montagneuse du nord était isolée. La télévision montrait des secouristes luttant contre la neige et le vent pour approcher un tunnel routier où une centaine de personnes à bord de deux autocars étaient bloquées.

    En Roumanie, le bilan de ces derniers jours était samedi de 28 morts, et des centaines d’écoles étaient fermées.

    En Bulgarie, pays le plus pauvre de l’UE, le froid a tué 16 personnes, pour la plupart des villageois découverts gelés au bord de routes ou dans leurs maisons dépourvues de chauffage.

    Le gel du Danube s’est accentué, avec 60% de sa surface prise par les glaces près du port de Ruse, entravant la navigation.

    Le bilan de la vague de froid dans d’autres pays d’Europe de l’est était vendredi de 36 morts: 10 en Lettonie, neuf en Lituanie, sept en Serbie, six en République tchèque, deux en Grèce, un en Slovaquie et un en Macédoine.

    En Russie, où les températures flirtaient à Moscou avec les -25°C et approchaient les -50°C en Iakoutie (Sibérie orientale), au moins 64 personnes sont mortes de froid à travers le pays depuis le 1er janvier, selon le bilan donné vendredi par les autorités, qui ne détaillent pas de chiffre pour la vague de froid actuelle.

    Mais le froid n’a pas empêché des dizaines de milliers de personnes de manifester à Moscou, les uns contre, les autres pour Vladimir Poutine.

    L’ouest du continent, où le bilan humain est moins sévère, n’est cependant pas épargné.

    En France, deux personnes sont mortes de froid, deux malades d’Alzheimer qui étaient sortis et n’ont pas su rentrer. Le froid intense dans l’est et la neige et le verglas dans le nord et l’ouest plaçaient une grande partie du pays en état d’alerte, avec des températeures descendant jusqu’à -20°C à Reims et Mulhouse et des vents atteignant 30 km/h.

    Les autorités redoutent également un pic de demande d’énergie auquel le réseau d’électricité ne pourrait faire face, et ont demandé aux usagers de modérer leur consommation.

    Le géant gazier russe Gazprom a de son côté annoncé samedi qu’il ne pourrait assurer les livraisons supplémentaires demandées par l’Europe occidentale.

    En Italie, les intempéries ont fait une sixième victime samedi, un sans-abri d’origine allemande. Rome était toujours pratiquement paralysée samedi après les chutes de neige qui ont affecté une grande partie de la péninsule, y compris la Sardaigne et la région méridionale de Naples.

    Les températures ont frôlé les -30°C dans la nuit dans les Alpes piémontaises (nord-ouest), et à Venise la lagune a commencé à geler.

    Mais le plus spectaculaire a été le véritable chaos provoqué vendredi à Rome par la neige, événement rare dans la Ville éternelle, dont le maire a décidé de fermer tous les services à part la police locale, les services sociaux et la protection civile.

    L’Allemagne était toujours plongée dans le froid samedi, avec des températures sous les -10°C dans l’ensemble des villes du pays, et même -16°C à Berlin, et un syndicat réclamait pour les ouvriers travaillant sur les routes une prime exceptionnelle.

    En Autriche, le thermomètre est descendu jusqu’à -28°C dans les montagnes du centre et du Tyrol (ouest), et un homme est mort de froid après un accident de voiture dans le sud, portant à quatre le nombre de victimes depuis le début de la vague de froid.

    Au Royaume-Uni, la majeure partie du pays était en alerte samedi, avec des chutes de neige prévues notamment dans le centre et l’est de l’Angleterre.

    Environ un tiers des vols prévus pour dimanche ont été annulés à l’aéroport londonien d’Heathrow en raison de la neige attendue à partir de samedi soir.

    En Espagne on enregistrait des -13°C avec des vents dépassant parfois les 100 km/h, et la Catalogne (nord-est) était sous la neige, ainsi que, fait rare, les îles Baléares.

    (AFP)


    votre commentaire
  •   La vérité jaillit souvent de la confrontation...

      Pour aborder le sujet des prochaines élections, quel meilleur support, alors, qu'un débat entre celui qui veut devenir président et l'un des tenants de la majorité actuelle ?


     


    votre commentaire
  • Après son refus de payer la dette des banques, l'Islande fera le triple de la croissance de l'UE

      L'Islande a terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et selon les prévisions de la Commission européenne, elle va faire le triple du taux de croissance attendu pour l’UE en 2012 (La croissance de l'UE est prévue à 0,5% en 2012 contre 1,5% en Islande). Pour 2013 la croissance devrait atteindre 2,7%, principalement à cause de la création d’emplois. L’Islande est le pays qui a nationalisé les banques privées et qui a emprisonné les banquiers responsables de la crise.

      L’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers.

      Pendant ce temps dans un pays comme l’Espagne, le ministre de l’économie qui fut un grand responsable chez Lehman Brothers, a maquillé les soldes bancaires et a gonflé les résultats pour faire croire à une solvabilité du système financier résultant de la déréglementation des marchés - mais ce dernier a fini par s’effondrer.

     Glitnir, Landsbankinn et Kaupthing furent les banques nationalisées en 2008 pour éviter leur faillite et qui furent placées sous contrôle démocratique, plutôt que de profiter d’injections inconditionnelles de capitaux publics, comme en Espagne ou dans les autres pays européens. En juin dernier, l’une d’elle Landsbankinn, a annoncé son intention de rembourser les intérêts aux détenteurs d’hypothèques pour compenser les citoyens de payer leurs pertes.

     La révolte pacifique a débuté en 2008, sans que celle-ci soit décrite dans les pages des grands médias européens, qui ont mentionné dans des notes en bas de page que ce pays était un dangereux exemple dangereux à suivre. À la fin de 2008, l’ensemble des dette de l’Islande égalait à 9 fois son PIB. La monnaie s’est effondrée et la Bourse a suspendu ses activités après une baisse de 76%.

     Le pays a fait faillite et a ensuite reçu un prêt de 2 100 millions de dollars du FMI et 2 500 millions de dollars provenant des pays nordiques et de la Russie. Le FMI, comme d’habitude, a exigé, en échange des mesures "d’ajustement" soit des coupures dans les dépenses sociales qui ont provoqué la colère de la population, la chute du gouvernement et la convocation d’élections anticipées au début de 2009 dans lesquelles la gauche a remporté la majorité absolue, provoquant l’effondrement du Parti de l’Indépendance, un parti conservateur, qui était traditionnellement la force dominante dans le pays (et qui n’a conservé que 23,7% des voix).

      Le Mouvement Gauche-Vert a gagné 21,7%, Alliance sociale-démocrate 29,8%, le Parti progressiste 14,8% et Mouvement des citoyens 7,2%.

      Johanna Siguroardottir a été choisie pour diriger le gouvernement réunissant des sociaux-démocrates, et les écologistes de gauche. En 2010, on a mis sur pied une assemblée constituante de 25 membres, des « citoyens ordinaires » pour réformer la Constitution. Cette même année, le gouvernement a soumis un référendum sur le paiement ou non de la dette contractée par les banques privées en faillite au Royaume-Uni et dans les Pays-Bas, mais 90% des gens ont refusé de payer.

      Ses citoyens ont voté non à cause de l’effondrement de la Banque Icesave et les gouvernements de ces pays couvrent les dépôts à capitaux publics. Le FMI a gelé les prêts en espérant que l’Islande finirait par payer ses dettes illégitimes.

      En septembre 2010, l’ancien Premier ministre Geir Haarde a été mis en procès pour négligence dans la gestion de la crise. Interpol a également émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de Sigurdur Einarsson. En avril 2011, les citoyens ont de nouveau dit non à un nouveau référendum sur le paiement de la dette.

      Après cela, au mois de décembre la banque Landsbanki a décidé de retourner une partie de la dette. Le montant total des sommes versées par Landsbanki, selon Icenews à 350 milliards de couronnes, soit environ 33% de la dette totale. Pourtant, "les comptes Icesave ne représentent seulement que 4% des obligations des institutions financières du pays, soit environ 4000 millions d’euros. 96% restant ne pouvait pas être renvoyé aux créanciers, car il était complètement impossible de le faire parce que le paiements d’intérêts chaque année aurait dépassé les revenus du pays.

      Dans les mots de l’économiste Jon Danielsson : « Les (banques) ont accumulé une dette égale à plusieurs fois le PIB annuel. Il n’y a aucune possibilité que les citoyens puissent payer cette dette."

      Il y a quelques jours, les responsables de la Fiscalité en Islande ont inculpé deux officiers supérieurs des banques qui ont commis des fraudes au moyen de prêts non autorisés pendant les opérations qui ont conduit à son système financier à s’effondrer en 2008 : l’ancien PDG responsable de la faillite de Glitnir, Larus Welding et le responsable des finances de l’entreprise, Gudmundur Hjaltason. Ils auraient abusé de leur position pour fournir environ 102 millions d’euros sans la permission, sans garanties de la part des bénéficiaires et sans avoir consulté le département de gestion des risques.

      Les agences de notation Moody, Standard & Poor et Fitch font pression pour punir l’endettement sans grand succès et toujours en essayant d’ignorer la reprise économique dans ce pays. Par ailleurs, en 2008, quelques mois avant l’effondrement de ses banques, le pays jouissait encore de la cote triple A donnée par ces mêmes organismes.


    votre commentaire
  • Source : http://www.mrquelquesminutes.fr


    votre commentaire
  • Pile ils gagnent, face on perd !

    Source : Siné Hebdo

     

      La richesse du monde, c’est 60 000 milliards de dollars. Et les produits dérivés financiers, ces « machins » spéculatifs, 720 000 milliards de dollars, douze fois le PIB mondial ! Tout va nous péter à la figure. Les explications de Thierry Philipponnat de l’ONG Finance Watch.


      Vous saviez que votre banquier vous roulait dans la farine. Mais vous n’imaginiez pas qu’il était complètement fou, aveuglé par l’argent facile. Le problème, c’est qu’il va se ratatiner la gueule, en vous entraînant au fond du trou. Ce scénario, nous ne le devons pas au dernier marxiste-léniniste de l’Hexagone. Thierry Philipponat, la petite cinquantaine sportive, a travaillé à la City de Londres et à Paris, notamment à BNP Paribas et à l’UBS, la grande banque suisse, pendant un quart de siècle. Sa spécialité ? Les produits dérivés. Un produit dérivé, c’est un instrument financier. Une sorte de contrat entre un acheteur et un vendeur qui fixe des flux financiers futurs fondés sur ceux d’un actif sous-jacent, réel ou théorique. Les produits dérivés ont été créés pour permettre aux entreprises de se couvrir contre différents risques financiers. Mais aujourd’hui, les transactions sur les produits dérivés représentent l’essentiel de l’activité des marchés financiers.

      Vous n’avez rien compris ? C’est normal. Les financiers ont tout fait pour que nous ne comprenions rien. Le problème, c’est qu’eux n’y comprennent plus rien non plus. « Le produit dérivé, c’est le droit d’acheter un actif financier ou de le vendre, mais ce n’est pas l’actif lui-même. Par exemple, vous et moi, nous échangeons le droit d’acheter un verre à deux euros. Vous m’achetez le droit de l’acheter, pas le verre. Et ce que nous venons de faire, c’est douze fois le PIB mondial », explique Thierry Philipponnat. Pour faire simple, les produits dérivés, c’est à 95% de la spéculation.

      Vous pouvez vous dire que les produits dérivés ne vous concernent pas. Mais votre banque, si. Elle s’en est même empiffrée. « Quand on regarde les bilans des banques, entre deux tiers et 80% des actifs correspondent à de la spéculation. », constate-t-il. « Je ne suis pas gourou, mais je vois bien qu’il y a des pertes qui commencent à s’accumuler dans les bilans des banques et qu’elles ne sont pas couvertes par les fonds propres », souligne l’ancien financier. L’Autorité Bancaire Européenne (EBA) a aussitôt trouvé la panacée : renforcer les fonds propres des banques en les portant de 7 à 9%. « Quand Lehman Brothers a fait faillite, il avait un ratio de 11% et, plus récemment, Dexia a sombré avec 10,4%. Le système ne devient pas beaucoup plus solide avec cela », répond le secrétaire général de Finance Watch. « Depuis quatre ans, on a pris des mesures qui résolvent 0,1% à 1% des problèmes ».

      L’ancien financier reconnaît qu’il a été un peu lent. Ca lui a pris deux décennies pour quitter un monde de la finance qui marchait sur la tête. « Nous sommes dans une économie socialisée quand ça va mal et privatisée quand ça va bien ! » La philosophie des banquiers ? « Si je gagne, c’est pour moi, si je perds, c’est pour les autres ! » Mais, depuis, Thierry Philipponnat s’est racheté. Il est devenu membre du bureau exécutif d’Amnesty International avant de prendre la direction, tout récemment, de l’ONG Finance Watch, installée à Bruxelles.

      A sa naissance, en juin 2011, Finance Watch a été présentée par « les Echos » comme « le Greenpeace de la finance », une ONG capable de répondre aux arguments avancés par les banques dans le débat public. En effet, chaque fois qu’il y a une crise, la presse se contente de demander benoîtement aux banquiers d’expliquer les causes de ce nouveau désastre. Ils répondent en chœur que c’est la faute aux subprimes, aux fonds souverains, aux emprunts toxiques, et pourquoi pas, au réchauffement climatique. Jamais la leur. Alors qu’ils n’ont fait que se gaver en spéculant, oubliant leur vrai métier, celui d’aider les entreprises et les particuliers. « Pourquoi avons-nous un système où la finance échappe à l’économie ? Pourquoi avons-nous un système où les banques font faillite tous les trois ans, et ce qui fait qu’après, c’est au contribuable de mettre de sa poche ? » dénonce-t-il.

      L’idée de créer cette ONG n’est pas venue d’une bande de gauchistes, mais de députés européens, de gauche, écologistes, mais aussi de droite. Leurs vœux ? Une expertise de haut niveau sur la finance qui puisse servir de contre-lobbying pour faire valoir l’intérêt général contre l’intérêt privé des banques. « A Bruxelles, il y a 700 lobbyistes payés pour influencer la règlementation financière au profit des intérêts privés de l’industrie financière. Chaque lobbyiste facture 500 000 euros en moyenne par an, ce qui fait un budget de 350 millions d’euros., juste pour influencer les élus ! » constate Thierry Philipponnat. Un exemple de l’action de cette ONG ? Elle s’en est prise au Credit Default Swap (CDS à nu), des produits dérivés qui permettent de spéculer sur les dettes des Etats souverains. « Au lieu d’écrire qu’il était moralement inadmissible de faire de l’argent sur la faillite des autres, nous sommes restés sur un point de vue technique pour que les politiciens de tous bords s’en emparent. Nous avons montré que ces instruments ne servent à rien quand tout va bien, et ne font qu’empirer les choses quand tout va mal », explique le secrétaire général de Finance Watch. Bingo : les députés du Parlement européen ont interdit ces instruments.

      L’ONG, qui comptera une douzaine de personnes d’ici la fin 2011, propose trois niveaux de communication. Le premier, très technique, pour cadrer le débat. Le deuxième cible les politiques, les fonctionnaires, les régulateurs. Le troisième, enfin, s’adressera au grand public, pour permettre une pression. « La comparaison avec Greenpeace est pertinente. Nous sommes un contre-pouvoir aux forces économiques. Mais la comparaison s’arrête là. On n’a pas d’argent pour les zodiacs et on ne va pas descendre la Tour Eiffel en rappel. Poser les vraies questions sur la finance, c’est moins glamour que de se faire photographier avec une baleine », sourit Thierry Philipponnat.

      Ian Hamel, Siné Hebdo.

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique