• Contre les injustices dans la vente d'artifice

    Extrait de la section "Idées issues de la démocratie participative" du blog JRDF, par Nicolas Chelay.

    Contre les injustices dans la vente d'artifice

      Je souhaite rapporter ici un constat assez pointu d’un commerce en particulier : la vente de feux d’artifices, « pétards », et autres articles pyrotechniques. Exercice ardu s’il en faut car la plupart des français ne me semblent pas connaître les différentes réglementations en vigueur, lorsqu’ils ne se servent pas de leurs fusées « comme dans les dessins animés » (en les plantant dans le sol par exemple, comme des piquets, ou en allumant un soleil sur la table de leur cuisine).

      Etrangement, malgré donc ce qu’on pourrait penser de prime abord, ce ne sont pas tant les « graines de délinquants » qui se font des guerres de pétards ou (plus dangereux) de chandelles lance-boules qu’il faut craindre en premier, mais bel et bien les comportements parfois demeurés ou bien trop confiants de familles qui ont l’air tout-à-fait normales, et qui sont les premières à faire n’importe quoi avant de lire la notice.  

      Cette introduction mettra en avant l’un des points importants de la présentation que je tente de faire : OUI, l’artifice est dangereux par nature. La poudre noire explose, le carton se crève, les fusées filent très vite, les chandelles crachent des boules de feu. C’est un fait. Pour autant, doit-on se priver d’un instrument traditionnel s’il en est de la célébration populaire, doit-on en quelque sorte « priver le peuple d’un de ses jouets », qui n’était déjà autorisé que quelques jours par an, pour suivre les directives autoritaires d’un Ministère de l’Intérieur et d’un Ministère de l’Industrie qui ont peu à peu établi, dans ce domaine, un réseau inextricable et incontournable de décrets sécuritaires absurdes et injustes ?  

      Pour bien faire comprendre la situation, je vais devoir vulgariser un peu ce sujet en donnant la classification (heureusement fort simple) des artifices en France :  

      K1 correspond aux « petits pétards » qui peuvent être achetés par des mineurs, ainsi qu’à du tout petit artifice (pour donner un exemple, seules les plus petites fusées sont classées dans ce domaine)  

      K2, déjà, est réservé aux majeurs. C’est l’agrément le plus varié en définitive, on y trouve à peu près tous les types d’artifices et de pétards, y compris des compacts déjà assez imposants.  

      Pour utiliser de l’artifice du groupe K3 et supérieur, il est nécessaire de faire la demande auprès de la mairie, et de respecter encore plus scrupuleusement les règles basiques de la prévention ( pas de public à moins de quinze mètres des pièces, par exemple ). On trouve dans ce groupe des compacts ( tableaux ) de la classe supérieure, et des bombes ( artifice projeté par mortier, qui fait « l’effet palmier » ) d’assez gros calibre.  

      Le groupe K4 nécessite, pour l’utiliser et l’acheter, l’agrément de la mairie et une licence d’artificier.  

      On voit d’après cette brève présentation que le secteur de l’artifice est déjà très classifié et que l’achat et l’utilisation des pièces ne sont pas facilités. J’ajoute que dans le groupe K1, les pétards sont encore subdivisés en articles autorisés pour les moins de seize, douze, dix et huit ans. Quelle est, ou plutôt quelle était, la situation en France face au respect de ces réglementations ? C’est là que se trouve le nœud secret de ce problème légal et financier : Dans les entreprises officielles et déclarées qui pratiquent la vente de ces articles, déjà, la situation est très difficile (j’y reviendrais plus tard), MAIS il faut prendre en compte tous les supermarchés, stations-services, bureaux de tabac et solderies qui, à l’approche des fêtes, bradent ces articles.  

      La comparaison entre ces deux « types » de commerce est très intéressante : Alors que les uns déclarent leur stock, sont astreints à une limite, à un point d’eau situé au maximum à une dizaine de mètres, à des caisses en métal pour le stockage et des présentoirs agréés (et hors de prix) pour la vente, les seconds… n’ont rien. Aucune sanction, rien, on les laisse tranquillement vendre leurs pétards dans des conditionnements à moitié déchirés, accessibles au ras du sol ou au comptoir par n’importe quel gamin, et vendu à n’importe qui (cher, en plus), sans souci de l’âge…

      Le résultat ? Des commerces spécialisés qui périclitent et tout un secteur du commerce français qui est sacrifié aux vendeurs de sacs tout fait en supermarché, qui sont des arnaques caractérisées à mon humble avis (une belle boîte pour trois artifices et deux fusées fabriquées en Chine…). Le résultat ? Nos fêtes, de ce 31 Décembre au 14 juillet, ont perdu de leur éclat et un peu de leur joie. Le résultat ? Des petits commerçants compétents qu’on harcèle jusqu’à ce qu’ils cessent leurs activités, sous couvert de respect des décrets ministériels et de la lutte contre le terrorisme, tandis que les terroristes peuvent se servir sans problème en poudre noire dans des solderies, et les gamins en énormes pétards qui leur arracheront la main. Les adultes, eux, iront se faire arnaquer dans des supermarchés. 

      Je sais que ce sujet peut sembler puéril ou mineur à certains, mais il est à la croisée des directives sécuritaires de Sarkozy, et du bien-être de la population française, et montre bien les dérives du système : le marché est devenu faussé, dangereux, réservé aux incompétents fraudeurs et dur envers ceux qui s’étaient pourtant déjà astreint à de très nombreuses normes de sécurité. Aujourd’hui, c’est autour de la « matière active » que se joue la désertification des marchands d’artifices; on ne les laisse plus en garder sur l’ensemble de leurs produits qu’une quantité infime, pour les forcer à arrêter leur commerce. Mais aucune sanction ou aucun contrôle à l’horizon pour les vendeurs occasionnels… 

      J’ajoute que certains gros distributeurs ont été rachetés par des firmes majoritairement américaines, y compris dans d’autres secteurs du domaine de la « fête », avec également des conséquences absurdes (les nouveaux « propriétaires » font des choix irraisonnés dans les produits qu’ils tuent et ceux qu’ils conservent, détruisant des particularités qui assuraient jusque là leur succès). Enfin, pour rester sur le domaine de l’artifice, que les « gros contrats » types feux de mairie pour le 14 juillet par exemple, sont inaccessibles à de nombreux artificiers car les appels d’offre sont truqués, comme de nombreuses activités en mairie, réservés à des entreprises qui ont su bien se faire voir des administrateurs, plutôt que d’être compétitives et compétentes.


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