• Une "autre économie" possible malgré la crise

    Une "autre économie" possible malgré la crise

    Source : "Le Monde", pour Direct Matin


      Crise ou pas, alors que toute l'Europe se mobilise pour la survie de la zone euro, l'économie sociale et solidaire (ESS) - associations, coopératives, mutuelles et fondations - se porte bien. Dans l'Union Européenne, elle emploie plus de 11 millions de salariés, soit 6% de l'emploi total.

      En France, tandis que les chiffres du chômage sont à nouveau en hausse, l'ESS continue de recruter. Cette "autre économie" caractérisée par des objectifs non lucratifs, un mode de gouvernance participatif ou la finalité sociale de ses activités, affiche en 2010 une progression annuelle de 1,3% en termes d'emplois et de 2,8% en masse salariale. Le secteur représente un emploi sur huit : 12,5% de l'emploi salarié privé en 2010, contre 12,2% un an plus tôt, et quelque 10% du PIB.

      Le mois de novembre sera, pour la 4e édition du Mois de l'économiesociale et solidaire dont "Le Monde" est partenaire, la vitrine des initiatives de ce secteur, d'une part pour améliorer sa notoriété auprès du grand public, mais surtout pour convaincre les dirigeants politiques, à quelques mois de l'élection présidentielle, du bien-fondé de la réorientation de l'économie. A cette fin, les acteurs de l'ESS ont adressé aux futurs candidats une douzaine de propositions concrètes pour adapter l'économie aux changements sociaux, comme la limitation des écarts de rémunération ou la consultation des employeurs de l'ESS dans l'élaboration des politiques publiques.

      Mais si, au nom de la défense de l'intérêt général, de la réduction des déficits publics et des aspirations de la société civile, le futur gouvernement prenait la balle au bond et demandait à l'ESS de prendre en charge une part plus grande de l'économie, cette dernière serait-elle prêt à le faire ? "L'ESS a toujours dit qu'elle ne contribuerait pas volontairement à la réduction du rôle de l'Etat. Mais elle est son partenaire naturel et, à ce titre, elle est déjà très présente dans la protection sociale, à travers les mutuelles de santé et les retraites complémentaires", répond Thierry Jeantet, président de l'association des Rencontres du Mont-Blanc, une sorte de Davos de l'économie sociale. L'ESS pallie déjà le désengagement de l'Etat : l'action sociale (38,5% de son sactivité contre 36,8% en 2008) et l'éducation (15,1% contre 15,8%) sont ses deux premiers secteurs d'activité.

      L'ESS a des atouts indéniables pour prendre une part plus grande dans l'économie. "Sa croissance dans le monde des services n'est pas terminée; le commerce équitable est un champ qu'elle est loin d'avoir fini de développer; son rôle dans l'accompagnement ne peut que s'étendre", indique Thierry Jeantet. En outre "ses emplois sont essentiellement non-délocalisables et la satisfaction au travail y est meilleure que dans les entreprises privées classiques, malgré des salaires relativement inférieurs à la moyenne" [NDLR : ce n'est pas forcément un exemple à suivre...] indique Guillaume Légaut, délégué général du Ceges (Conseil des entreprises employeurs et groupements de l'économie sociale).

      Depuis quelques années, le secteur semblait cantonné à l'économie de "réparation" (insertion, assistanat, etc.). L'ESS était bien reconnue capable d'agir contre la pauvreté, mais à la marge. Les cadres vieillissants ne voyaient pas arriver de successeurs. Or l'accroissement des inégalités et le contexte de mondialisation ont mis l'économie sociale face au défi de changer d'échelle. Les polémiques entre les "valeurs communes" entre les coopératives, les associations, les mutuelles, voire les entreprises sociales ont cédé le pas aux tentatives de convergence. L'ESS a fait des émules auprès de la jeune génération dans les grandes écoles (Essec, HEC). C'est aujourd"hui au tour de la Commission Européenne de franchir "une étape forte", déclare Tarik Ghezali, délégué général du Mouvement des Entrepreneurs sociaux. En publiant une "initiative pour l'entrepreneuriat social", plan d'action à court terme pour accompagner le développement de l'économie  et de l'innovation sociale, elle ouvre une porte vers davantage de financements, en permettant aux entreprises de l'ESS de se financer sur les marchés. Pour changer d'échelle, l'ESS est donc à un tournant de son développement.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :