• Pour une utilisation positive des graffitis

    Extrait de la section "Idées de la démocratie participative" du blog JRDF,   par Nicolas Chelay.

    Pour une utilisation positive des graffitis

      Ici, je voudrais exposer différents points de vue sur un phénomène à mi-chemin entre l’expression artistique et parfois politique, et la dégradation des biens souvent publics, à savoir les « grafs » et les « tags ».

      Basiquement, un grafeur essaie de reproduire une image, alors qu’un tag n’est souvent qu’une signature ou une insulte.

      Les grafeurs et les taggeurs ne sont pas à mettre dans le même sac donc, et j’aurais tendance à dire qu’il faudrait privilégier énormément les grafeurs en France, et lutter contre le « tag sauvage », mais c’est sans doute un point de vue manichéen.

      D’un point de vue juridique et historique, le fait d’occuper de l’espace public, un mur par exemple, avec un message, fut-il poétique ou obscène, a toujours été illégal. Le « taggage » a donc toujours eu une résonnance rebelle et consciemment hors des lois républicaines.

      Pour autant, il ne faut pas conclure d’après ce logique état de fait juridique, que tous les taggeurs et les grafeurs sont des délinquants, et bien comprendre la dimension artistique de ces phénomènes d’expression urbaine, qui varie de l’inutilité souvent vaseuse et ordurière des tags obscènes dans les toilettes des bars à de gigantesques fresques futuristes ou des visages de poètes ou politiciens humanistes célèbres réalisés par quelques grafeurs émérites, en quelques heures, sur le bord d’un mur de terrain vague ou d’un tunnel de train.

      Ce sont ces oeuvres-là que je me permettrais de défendre dans ce message. Face à la morosité urbaine de certaines villes (et pas qu’en banlieue parisienne), quelle place pourrait tenir le fait que les immeubles soient peints, au moins sur l’une de leurs façades, et décorés avec des oeuvres grafées, entretenues, qui changeraient même peut-être d’année en année ?

      Il y a une dimension psychologique inédite dans ce projet, mais également une autre plus subtile : les grafeurs pratiquent en effet généralement un code du respect de l’espace utilisé. Ils ne vont pas tagger sur un graf, ou exécuter une fresque sur une autre dans le cas qui nous intéresse.

      Dans tous les cas, c’est une manière qui me semble utile de canaliser des talents dans une optique positive; c’est également une transformation visible, massive et humaniste, tout autant qu’un « recours » esthétique assez peu conventionnel. Mais je pense personnellement que bien menée, elle permettrait une éclosion encore accrue de la culture dans certaines villes et quartiers.

      Sans vouloir ramener un sujet aussi général à un exemple, je citerais néanmoins le mien, habitant non loin d’un énorme théâtre municipal sur lequel, sur toute une façade, le portrait d’André Malraux est affiché, juste au-dessus d’une de ses phrases : « La culture ne s’hérite pas. Elle se conquiert. »

      C’est ce genre d’utilisation positive de l’espace, à contre-courant du parasitisme publicitaire et de l’alarmisme sécuritaire, que je propose dans une optique à la fois esthétique et logique, afin d’opposer la vraie créativité et le talent des grafeurs à la fâcheuse tendance des taggeurs à salir le mobilier urbain avec leurs signatures débiles.

      Il faut néanmoins, pour ne pas simplifier le problème, signaler que les grafeurs ont souvent été d’anciens taggeurs. Et que face aux services de nettoyage des transports, de nombreux taggeurs ont versé dans l’égratignage de vitres à l’aide d’une clé par exemple, bien plus coûteuse en définitive car elle force à changer les vitres d’un compartiment entier, voire de plusieurs parfois.

      Personnellement, n’ayant pas décelé d’intérêt artistique dans cette pratique qui relève à mon sens du vandalisme aggravé, je ne vois pas de moyen pour l’utiliser positivement. 


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