• Le G20 n'est pas un "G vain"

    Le G20 n'est pas un "G vain"

    Source : Alternatives Internationales

    Un article intéressant, qui pointe les récentes avancées positives de l’économie mondiale, afin de ne pas sombrer dans la caricature et l’alarmisme. Attention, cependant ! On ne peut pas dire que le monde a viré au rose…

      Loin d’être l’organe de gouvernance économique que certains appellent de leurs vœux, le G20 n’en remplit pas moins, malgré ses défauts, un important rôle de régulation.

      La France avait placé la présidence du G20 sous le mot d’ordre flamboyant « Nouveau monde, nouvelles idées ». Mais le cours des évènements a imposé son rythme : les 3 et 4 novembre derniers, la crise des dettes souveraines en Europe a pris le sommet de Cannes en otage et capturé l’attention des médias. Certains, déçus par ses résultats peu concrets, jugent le G20 inutile. C’est une conclusion erronée. L’économie mondiale a besoin d’une meilleure gouvernance. Demandons-nous plutôt où en est cette ambition que le G20 était censé incarner.

      Face à la crise économique la plus grave depuis 1929, les gouvernements ont retenu les leçons de l’entre-deux guerres. Le plus important est le climat de coopération internationale qu’ils ont réussi à instaurer. Il a permis la définition de politiques coordonnées  et la création d’un nouveau forum pour traiter les affaires du monde, le G20 [NDLR : Rappelons que les confortistes sont en faveur d’une reprise de l’économie par la base, par des coopératives par exemple. Mais des avancées au niveau international sont toujours bonnes à prendre…] De Washington en novembre 2008 à Séoul en 2010n les sommets organisés dans ce cadre ont permis d’éviter la répétition de la grande dépression : assèchement du crédit, chute de la demande, aggravation dramatique du chômage, blocage de l’économie qui pousse les gouvernements dans le protectionnisme et la spirale des dévaluations compétitives aux conséquences désastreuses…

      Après le sommet de Londres, en avril 2009, le G20 a toutefois donné l’impression de piétiner. La réponse initiale, lorsque la crise a éclaté à l’automne 2008, était, il est vrai, assez facile. Les politiques budgétaires et monétaires ont partout été utilisées pour stimuler la demande et renflouer les banques. Mais depuis, les choses se sont compliquées. Les Etats, confrontés à leur endettement massif et  à l’ampleur de leurs déficits, se retrouvent en première ligne, et il leur est plus difficile de définir les « bonnes » réponses à la crise. La présidence française du G20 a fait dès 2010 le pari qu’il était possible de « mieux gouverner la mondialisation ». Elle a annoncé son intention de mettre en œuvre les programmes décidés lors des précédents sommets et de lancer de nouveaux chantiers : la réforme du système monétaire international, la régularisation des marchés agricoles et des matières premières, un fonctionnement plus efficace  et plus légitime du G20. Quels sont les résultats ?

      Atténuer l’instabilité. Les avancées sont réelles. Le communiqué final du sommet de Cannes, auquel beaucoup n’ont pas prêté l’attention qu’il mérite tant les regards étaient tournés vers le sort de la Grèce et de l’Italie, traite des questions les plus importantes pour l’économie mondiale. Des principes ont été acceptés et des décisions prises pour atténuer l’instabilité que provoque une volatilité trop forte des mouvements de capitaux. Il a été souligné que la correction des déséquilibres globaux appelle une plus grande flexibilité des taux de change. Un message qui s’applique en particulier là où ils sont fixés par l’Etat, c’est-à-dire en Chine. On a de même repoussé la tentation de recourir aux dévaluations compétitives [NDLR : Ca c’est une bonne nouvelle… à voir si elle sera suivie d’effet…]. Mission a été confiée au FMI de renforcer les filets de sécurité financiers mis en place à Séoul, et assurance a été donnée que celui-ci serait doté des ressources nécessaires pour remplir ses missions. La re-régulation de l’industrie financière se poursuit avec le renforcement des pouvoirs du Financial Stability Board (Conseil de Stabilité Financière), qui sera doté de la personnalité juridique. On a procédé à l’identification des banques systémiquement importantes, auxquelles des ratios de fonds propres plus élevés seront imposés.

      Finance fantôme. Le G20 a complété les mécanismes de régulation et de supervision des marchés de produits financiers dérivés et a tenté de réguler de « shadow banking », cette part désormais importante de l’activité financière qui, tels les hedge funds, échappe aux règles prudentielles imposées aux banques. En ce qui concerne le système monétaire international proprement dit, le communiqué énonce pour objectif de voir le DTS (« Droit de tirage Spécial », réserve de change gérée par le FMI) « mieux refléter les réalités économiques et financières de l’heure ». Concrètement, il s’agit de faire entrer la monnaie chinoise dans le panier de monnaies qui définit le DTS : un pas en avant impensable il y a deux ans.

      Là où il est permis d’être sceptique, en revanche, c’est sur les capacités du G20 à améliorer d’autres aspects cruciaux de la gouvernance mondiale. Par exemple, devant l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre et face aux impacts économiques et sociaux de la flambée des prix des hydrocarbures, comment se fait-il que le G20 soit incapable d’impulser une action coordonnée en faveur du triptyque climat-énergie-croissance verte ? D’autres critiques sur le fonctionnement du G20 apparaissent pas ailleurs justifiées. Ses sommets ont une faible capacité d’entraînement sur l’action des institutions internationales, sur lesquelles repose in fine la capacité d’agir ?

      A Cannes, on n’a guère progressé sur les moyens d’empêcher de nouvelles flambées des prix agricoles, à l’origine des émeutes de la faim de 2008. La mise en œuvre des décisions des sommets reste souvent problématique, comme par exemple la question d’une « surveillance » macroéconomique plus active de la part du FMI. Enfin, l’agenda devient progressivement de plus en plus chargé, comme celui de feu le G7, et la démarche devient plus laborieuse, au fil de négociations entre un grand nombre de pays aux intérêts, aux priorités et aux susceptibilités différentes.

      La question des méthodes de travail du sommet reste ouverte : la présidence française avait demandé au Premier ministre britannique un rapport sur la gouvernance mondiale d’où est ressortie une préférence pour un fonctionnement assez informel plutôt que pour un nouvel alourdissement des institutions internationales. Ces sommets ont aussi, depuis l’origine, vocation à établir un contact personnel entre les leaders, un facteur important pour renforcer un climat de compréhension et de confiance mutuelles. La décision d’écarter la création d’un secrétariat général, qui serait devenu un nouvel agrégat bureaucratique, est sans doute sage et la formation, pour piloter les travaux, d’une troïka formée des présidences passée, présente et future constitue une façpn légère de donner plus de continuité à l’action des sommets.

      En conclusion, il est prématuré d’imaginer que le G20 puisse à brève échéance devenir une instance de gouvernance mondiale. Des réactions sévères, telle celle de Wolgang Munchau, éditorialiste du Financial Times – « Le sommet a démontré de manière presque comique son inutilité pour assurer l’avenir de la finance mondiale » - se trompent sur ce qu’il est raisonnable d’escompter de ce type de diplomatie financière. Il n’y a pas de « grand soir » à attendre,  c’est une démarche faite de compromis et de petits pas successifs. Il faut surtout se représenter ce que serait l’alternative : le choc, comme dans l’entre-deux guerres, des intérêts nationaux avec les conséquences dévastatrices sur les échanges internationaux, l’activité et l’emploi. Le sommet de Cannes n’est pas le début d’un Nouveau Monde mais une étape dans un processus difficile où chaque nouveau pas ajoute un peu de cohérence à l’édifice. Rendez-vous donc à los Cabos au Mexique pour le prochain sommet, les 18 et 19 juin prochains.

     


  • Commentaires

    1
    nchelay Profil de nchelay
    Jeudi 12 Janvier 2012 à 09:05

    Le G 20, qu'en pensez-vous ?

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